⁂ Impact paradoxal du soin compris dans la charge mentale des femmes au sein de la sphère domestique
Contexte
Le 29 Octobre dernier (2024), France Culture diffusait une émission-débat sur le thème de la santé mentale des hommes : « la santé mentale des hommes est-elle tabou ? ». « Seules 30 % des personnes ayant recours à la psychothérapie sont des hommes. Cette proportion témoigne de la prégnance de modèles de virilité, où la fierté et le déni prennent le pas sur la santé mentale » est-il mentionné en introduction de cette émission, amenant l'auditeur à la question suivante « Pourquoi consulter un psychologue reste considéré comme un aveu de faiblesse pour les hommes ? »1.
Ce thème fait écho à une question que nous avions posé sur un réseau social professionnel : pourquoi 70% de notre patientèle au sein d'un CMP en région Occitanie était-elle composée de femmes tandis que 70% des décès par suicide sur cette même zone où nous opérions était le fait d'hommes ?
« D’après le Baromètre santé 2010 de santé publique France » expliquait Polton en 2016, « 10 % des femmes de 15 à 75 ans ont connu un épisode dépressif caractérisé au cours des douze derniers mois, contre 6 % des hommes (...) les pathologies psychiatriques sont globalement moins fréquentes chez les femmes dans une première partie de la vie, mais le sont plus à partir de 55 ans. Les troubles de l’humeur (dépression essentiellement) sont plus fréquents à tout âge, et globalement leur prévalence est supérieure de 50 % à structure d’âge identique. Même si l’on tient compte d’un phénomène probable de sous-déclaration chez les hommes, le constat d’une vulnérabilité particulière aux troubles dépressifs demeure, en lien possiblement avec des conditions économiques et sociales plus précaires. »
« D’une manière générale, les femmes sont les plus nombreuses [en CMP] à adresser une demande et on note qu’elles ont un niveau d’études plus élevé que les hommes. » précisent Constantin-Kuntz, Samba et al. (2011).
D'autre part, l'étendue des violences sexistes et sexuelles dont sont dont témoignent dans la quasi-totalité des cas les femmes venant consulter et globalement tout ce les personnes ne correspondant pas au « masculin viril » (à savoir toute personne qui est amené à se définir par rapport à ce genre qui demeure de ce fait indéfini, voir Butler, 2006), pourrait expliquer un recours aux soin accru des femmes comparativement aux hommes.
Un des possibles éléments de réponse (qui demeure partielle) nous est apparue alors que nous mettions un terme à un suivi auprès d'une personne que nous nommerons Madame I.
Madame I : présentation du cas
Madame I est suivie par une infirmière du CMP depuis sa sortie d'hospitalisation en soins psychiatriques l'an passé, consécutive à une dépression. Madame I avait alors environ 45 ans. Si la présentation physique (i.e incurie, tatouages, etc.) revêt de l'importance dans le rapport au corps et donc au monde des personnes, en ce qui concerne Madame I, sa façon de se vêtir nous parait devoir être mentionnée – comme nous le verrons, son vêtement s'inscrivait dans son histoire de vie. Madame I se présentait donc à la fois avec une certaine négligence, dans des survêtements qualité relativement modeste mais, d'un autre côté, n'hésitait pas non plus à certaines reprises à se rendre aux consultations avec des vêtements bien plus tape-à-l’œil. Entre les deux, physiquement, Madame I laisse percevoir une lutte contre une négligence de soi, une tentative de reprendre en main son physique.
Issue d'une famille de 3 enfants (elle est la seconde de la fratrie), elle dit n'avoir pas vécue de violences majeurs au cours de son enfance même si son vécu infantile au sein de la cellule familiale va la préparer à subir ce qui va façonner sa vie. Le suivi montrera la manière dont le milieu éducatif dans lequel elle a grandit aura favorisé les possibilités de se retrouver sous emprise : à 19 ans, elle rencontre en effet son premier amoureux, un homme hâbleur. Il va très vite l'extraire de ses milieux de vie pour la cantonner dans un système d'emprise et de contrôle coercitif. Il va empêcher notre future patiente de poursuivre ses études ; cela sera assorti de violences physiques, à travers des viols conjugaux quotidiens. Cette femme découvrira seulement la quarantaine passée qu'il est possible d'avoir des rapports sexuels sans y être forcée. En l'absence d'échange et de modèle de référence, le terme de violences et de viols ne seront posés que très tard, assez peu de temps avant que Madame I ne vienne consulter, grâce à une association féministe dont elle sera devenue bénévole.
Ses parents et ses proches n'auront jamais été en mesure de mettre ces termes sur son vécu. En attendant, ces violences sexuelles se doublent d'une violence économique puisque le contrôle sur le versant financier sera stricte, renforçant une violence sociale. D'une part il l'empêchera de s'engager dans des études et à pouvoir vivre la vie sociale qui va avec, nous l'avons dit, mais d'autre part, il l'obligera à s'habiller avec des survêtements, un stratagème mis en place parce qu'il jugeait là moins probable que sa compagne attire les regards d'autres hommes envers lesquels il exprimera une jalousie maladive.
Elle réussira très tard à s'extraire de cet environnement, notamment à travers l'aide de l'association féministe évoquée plus haut. Ainsi, ses vêtements que nous qualifions de « tape-à-l’œil » sont en quelque sorte le symbole de sa victoire sur cet ancien compagnon.
Prise en soin de Madame I
Sortie de cette dynamique destructrice, Madame I va enfin s'émanciper et expérimenter une vie sociale qui avait fait défaut depuis plus d'une quinzaine d'année, se créant un réseau de relations sociales saines, constituant un réservoir de ressources psychosociales qui fait manque tant à bon nombre d'autres patientes et patients qui viennent consulter, dans ce que nous nommons « les pathologies de la solitude ». C'est avec ses amies qu'elle va apprendre à délaisser ses survêtements et se vêtir « un peu comme une ado » dit-elle en haussant les épaules. « J'aime bien » fait-elle avec insouciance.
Madame I va rencontrer et se mettre en ménage avec un nouveau compagnon ; elle aura un dernier enfant, son quatrième. Quoique qu'il n'y ait plus de violences sexuelles ou physiques, la dynamique du couple de Madame I la conduit néanmoins à porter l'essentiel de la charge mentale, de la charge émotionnelle et du travail domestique tandis que son travail salarié s'effectue dans un environnement conflictuel. Cette charge va la conduire dans une impasse psychique qui débouchera sur une première hospitalisation pour dépression sévère puis, quelques mois plus tard, une seconde hospitalisation cette fois « préparée ». Comme beaucoup de femmes, elle est défaite par ce surcroît de « difficulté de mener de front un fort engagement professionnel avec un engagement maternel conforme à la norme traditionnelle. Il peut aller jusqu’à un syndrome d’épuisement familial physique et moral intense, généré par une articulation travail-famille sur le fil qui donne lieu à un sentiment d’impuissance, d’abattement et d’insatisfaction, faute de pouvoir investir leur rôle maternel, tel que les injonctions sociales le leurs imposent » (Goussard et Sibaud, 2017 ; Cartier et al. 2021).
La première hospitalisation avait été perçue par ses proches comme un événement singulier. La seconde hospitalisation va mettre du sens sur sa souffrance en faisant passer la première hospitalisation non pour un accident dont elle devait endosser la responsabilité ; cette fois la dynamique familiales sera bien identifiée comme la principale cause de la dépression de Madame I. En effet, cette seconde hospitalisation va obliger son compagnon à prendre la charge mentale et à occuper sans pouvoir les déléguer les tâches domestiques du foyer. Cette surcharge lui fera prendre conscience de ce que sa compagne avait à supporter et permettra une « déspecialisation des tâches » domestique partielle (Goussard et Sibaud, 2017). Toutefois, comme l'évoquent Cartier et al. : « Ces ajustements, qu’ils soient permanents ou temporaires, sont souvent perçus par les mères comme une reconnaissance de leurs difficultés. Elles accordent alors leur gratitude aux pères dès qu’ils acceptent de jouer le rôle d’auxiliaire domestique et de les soulager, dans les moments de grande fatigue, en prenant en charge au moins temporairement certaines tâches supplémentaires. Cette gratitude se retrouve beaucoup moins du côté des pères, comme si l’investissement des mères, lui, allait de soi. »
Cette hospitalisation est venue placer la souffrance de Madame I non comme un élément idiosyncrasique mais comme un échec collectif du système familial ; la déresponsabilisant de sa souffrance en faisant au contraire recentrant cette responsabilité dans la sphère familiale, sur les attitudes de son compagnon mais aussi de ses enfants. Les maladies restructurent les schémas familiaux mais les hospitalisations psychiatriques redéfinissent de façon singulières les dynamiques familiales car elles supposent une reconnaissance par le corps médical de la souffrance des personnes. Pour le dire rapidement, les femmes hospitalisées pour des raisons psychiques passent au sein de leurs familles du statut « d'hystériques » à celui de personnes en souffrance, des souffrances « faisant suite à ».
Le soin dans la famille
« Suite à » cette seconde hospitalisation, la dynamique de la sphère familiale évoluera significativement. Parmi les changements nous retiendrons le fait que le compagnon de Madame I va accepter sur demande de cette dernière, de s'engager dans une thérapie de couple en dehors du CMP, auprès d'une psychologue indépendante. Ce compagnon, nommons-le Monsieur I' ('I Prime'), n'exerce pas de contrôle coercitif nous l'avons dit, toutefois présente-t-il des troubles de l'humeur récurrents – madame I se montrera très clairvoyante, identifiant très bien comme ces sautes d'humeur demeurent une forme de violence. Un verre qui vient s'écraser sur le mur après une colère n'est pas un simple accès d’énervement individuel, il demeure de la violence contre toutes les personnes assistants à la scène – la violence est toujours scénarisée – Madame I a suffisamment fréquenté des associations d'aide aux femmes victimes de violences pour le savoir (Pache, 2016). Surtout, Monsieur I' semble avoir un insondable besoin de reconnaissance, l'expression de ce besoin n'ayant de cesse de l'entraîner à adresser à sa compagne des demandes relevants d'injonctions paradoxales. Il présente par ailleurs des atteintes physiques liées à une maladie dont les manifestations nocturnes entraînent une anosognosie. En somme, il revient à Madame I de s'assurer qu'il suive son traitement et ne fasse de crises. S'il oublie son traitement, ses crises réveillent Madame I mais pas lui. Madame I passera plusieurs mois avec un sommeil précaire alors que son compagnon refusait de conscientiser sa maladie à la fois du fait de cette anosognosie. Ce refus témoignait aussi, estimons-nous, d'une sorte de façon assez régressive de tester le lien avec sa compagne, dans une demande de soin adressée à elle, une demande de maternage dont elle peinera à s'extraire.
Madame I présente des troubles obsessionnels que nous ne pourrons traiter car le suivi s'orientera surtout sur la nécessaire prise de recul vis-à-vis de la situation quotidienne. Des événements traumatisant dont un deuil, ainsi que d'autres « événements parasites » surtout dominés par les accès d'humeur de Monsieur I' vont émailler la prise en soin de notre patiente. Au cours de celle-ci, son fils en pleine adolescence va manquer de se battre avec son compagnon, Madame I va devoir s'interposer. Ce double « retiens-moi ou je fais un malheur » la replace au centre de la dynamique familiale, non pas sur un centre où elle exerce une maîtrise, mais un centre où elle devient le réceptacle de toutes demandes d'attention et d'arbitrage au sein du foyer, littéralement à « son corps défendant ». Le suivi montrera dans quelle mesure elle s'est construite dans son enfance sur cette posture qui au final lui aura été à ce point nocive, une posture d'autant plus subie que les déterminants relèvent du patriarcat. Au cours du suivi, nous prendrons ainsi conscience avec Madame I que sa façon de gérer les deuils en cours ou de les anticiper la conduit inconsciemment à se placer au centre des dynamiques et, de fait, à encaisser les coups les plus forts voir à rechercher inconsciemment à en prendre.
Difficile, donc, d'utiliser notre espace de soin pour investiguer sur les origines de ses quelques manifestations obsessionnelles par ailleurs peu invasives et guère invalidantes au quotidien.
Le soin de Madame I, l'absence de soin de son compagnon
Lorsque nous nous apprêtons à mettre fin au suivi, du fait de notre départ à venir du service, la situation de Madame I se dégrade. Elle pense de plus en plus se diriger vers une troisième hospitalisation ce qui, vu la façon dont nous la sentons « glisser », en dépit de ses capacités réflexives, de la vie sociale qu'elle parvient à développer, nous semble être justifié. Cette situation prend un tour particulier car Monsieur I' décide de mettre fin à la thérapie de couple. « Les tentatives féminines d’enrôlement du père se heurtent à des stratégies de résistance dont la première est la passivité » rappellent Cartier et al. 2021. Il était déjà assez peu compréhensible, de notre point de vue, qu'il s'y soit livré sur plusieurs mois sans trop esquiver les RDV ; cette fois c'est définitif, il arrête. Nous exprimons notre mécontentement, car ce suivi aura au final d'avantage servi, résumons-nous dépité à Madame I, à traiter les impacts des pathologies de son compagnon plutôt qu'à lui conférer à elle un espace d'expression dont elle était demandeuse. Constantin-Kuntz, Samba et al. notaient aussi que les relations de couple sont un des motifs principaux de consultation en CMP. De là, nous concluons avec notre patiente que c'est elle qui supporte le soin psychique de sa famille.
C'est là que nous retrouvons la question de départ.
La charge mentale n'est pas seulement due aux tâches matérielles, la charge mentale est aussi déterminée par la charge liées aux soins. De fait, le soin, dans notre société patriarcale, est genrée et d'avantage confiée aux femmes (Viola Klein, 2016 ; Cartier et al. 2021 ; Maisonnasse, 2016).
Il n'y a qu'à voir le taux de féminisation des métiers du soin dans lequel les hommes trustent surtout les postes les plus qualifiés et l'encadrement, dans la plus pure illustration du classique de la sociologie Allez les filles ! de Baudelot et Establet. Dans la famille, le soin est donc principalement une affaire déléguée aux femmes (en revanche Monsieur I' vit comme une trahison que Madame I aille établir un devis pour sa voiture sans passer par lui...) d'autant plus que dans la plus pure logique hystériforme, nombre d'hommes mettent en scène leur(s) souffrance(s), leur refus de soin, pour s'assurer d'une présence de leur compagne à leur côté (rappelons que Madame I gère les médicaments et les RDV de son compagnon en sachant que s'il oublie de prendre son traitement, lui fait des malaises dans son sommeil, elle fera des malaises dans sa journée après une nuit blanche).
Aspect paradoxale de la genrification du soin
En somme, Madame I, à travers sa présence nous aura illustré comme le soin qu'elle assume, en dépit de la charge, sera bénéfique pour elle au moins sur un versant : en effectuant un suivit auprès d'un psychologue, en étant proactive dans ses traitement anxiolytiques et antidépressifs, Madame I s'assure un soutien psychique qui permet d'anticiper les crises, les troubles, de mettre du sens sur sa souffrance, ce que ne fait pas son compagnon. Ce dernier, probablement dépressif, en n'étant pas soigné, en ne s'engageant pas dans le soin, réduit ses possibilités de faire face de façon constructive à un épisode dépressif. Il augmente donc la probabilité d'être sujet d'un passage à l'acte suicidaire. Car en se fiant à la description de ce monsieur par Madame I, il semble en effet correspondre à un profil assez typique des sujets ayant recours à des autolyses.
Conclusion
Le cas de Madame I illustre donc un aspect inattendu de la dispersion genrée des tâches. Le soin étant catégorisé comme une tâche féminine, Madame I, comme 70% de notre patientèle, trouve « normal » d'aller voir un psychologue, de se placer dans un dispositif centré sur l'expression de ses états mentaux, de sa dynamique psychique, sur une investigation relative aux difficultés vécues dans son quotidien et depuis l'enfance.
De ce fait, quoi que l'on puisse dire du système de soin, de la logique médicale, de la logique du champ de la psychiatrie et de son appropriation idiosyncrasique (souvent salvatrice d'ailleurs) par les patientes et patients, celui-ci offre à des personnes en demande, telle Madame I, un espace de délayage des problématiques du quotidien, une possibilité de dévier des logiques systémiques dans lesquelles elles sont engoncées et partant de s'en émanciper. En acceptant de partager son vécu intime, de lui donner de la valeur, avec des professionnels.les, ces personnes se donnent la possibilité que soient identifiés des risques de décompensation pouvant aller jusqu'à des passages à l'acte. C'est le cas de Madame I : ayant intégré la logique du soin psychiatrique, elle a préparé et préparait de nouveau une hospitalisation pour dépression quand son compagnon n'avait de cesse, au lieu de faire ce pas de côté nécessaire pour se déprendre d'un vécu certainement difficile, de s'enfoncer au contraire dans des logiques en renforçant les impacts négatifs de ce vécu. Car si Madame I venait au final consulter non plus pour elle mais bien mettre au centre du soin les problématiques psychiques de son compagnon, celui-ci nous semblait être susceptible à terme d'être sujet d'un passage à l'acte.
Bibliographie
Butler (2006). Trouble dans le genre, La découverte, Paris.
Cartier, M., Collet, A., Czerny, E., Gilbert, P., Lechien, M., Monchatre, S. et Noûs, C. (2021) . Allez, les pères ! Les conditions de l’engagement des hommes dans le travail domestique et parental. Travail, genre et sociétés, n° 46(2), 33-53. https://doi.org/10.3917/tgs.046.0033.
Constantin-Kuntz, M., Samba, F., Castro, D. et Zoute, C. (2011) . Métamorphoses de la demande et fonctionnement institutionnel Des contenants de la souffrance psychique à tous les niveaux. Cliniques, N° 1(1), 38-52. https://doi.org/10.3917/clini.001.0038.
Goussard, L. Sibaud, L. (2017) . L’articulation travail-famille chez les mères en activité continue et à temps plein : une question de distanciation subjective ? Revue française des affaires sociales, (2), 169-186. https://doi.org/10.3917/rfas.172.0169.
Klein, V., Traduit de l’anglais par Gianoncelli, È. (2016) . Le caractère féminin, critique d’une idéologie. Cahiers du Genre, n° 61(2), 21-47. https://doi.org/10.3917/cdge.061.0021.
Maisonnasse, F. (2016) . Égalité entre les femmes et les hommes : le cas des aidants familiaux. Regards, N° 50(2), 99-107. https://doi.org/10.3917/regar.050.0099.
Pache, S. (2019) . L’histoire féministe de la « psychologisation des violences » Cahiers du Genre, n° 66(1), 51-70. https://doi.org/10.3917/cdge.066.0051.
Polton, D. (2016) . Égalité femmes - hommes en matière de santé et de recours aux soins. Regards, N° 50(2), 35-45. https://doi.org/10.3917/regar.050.0035.